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Cut
Emmanuelle Marie
Actes du théâtre n° 15.[ imprimer ]
« Longtemps que je voulais écrire sur le sexe des femmes. Non pas d’un point de vue pornographique ou érotique, mais plutôt d’un point de vue sociologique. Trois femmes donc, se retrouvent dans des toilettes pour dames.
Peu à peu elles confient des histoires de vie autour de “ça”, racontent comment elles “s’arrangent” avec ce qui caractérise physiologiquement, émotionnellement et charnellement la féminité. On part du sexe intime, et on ouvre les yeux sur le monde. »
Emmanuelle Marie

« Deux lectures n’ont fait que confirmer le grand talent d’écriture de la comédienne et augurent assez bien du sort que le public et la critique réserveront à Cut en novembre prochain. »
Isabelle Demeyère, La Voix du Nord, 29 avril 2002

« Cette lente gestation a produit un fruit superbe, un texte écrit avec brio, sensibilité, sincérité et audace qui a échappé aux pièges du genre. Il ne s’agissait ni de tomber dans la gaudriole, ni de se tenir à une rigueur médicale et purement anatomique. Nous en attendons un grand moment de théâtre. »
Dominique Arnaud, Opale attitude, janvier 2001

Création aux Passerelles de Montreuil-sur-Mer, novembre 2002,
puis tournée dans le Nord-Pas-de-Calais ; festival des Extravagants au
Th. du Rond-Point, Paris, juin 2003 ; festival Avignon off, juillet 2003.
Mise en scène : Jacques Descorde. Musique : Marc Em. Lumière : Christophe Gens. Avec : Anna Andreotti, Carole Thibaut, Emmanuelle Marie.

Personnages : 3 femme(s) -
Editions de L’Avant-Scène Théâtre

Scène 1
Dans de vastes toilettes pour dames avec des portes fermées en fond, du carrelage, des néons, des lavabos et des miroirs. Une dame seule, La Dame 1, assise près d’une table où domine un panneau portant la mention : « 1 euro pour le service rendu. Merci. »
La Dame 1 N’attendez pas des hommes qu’ils s’assoient pour pisser. Les hommes ne s’assoient pas pour pisser. Ils pissent debout, contre les murs. Il arrive cependant que des hommes profitent du trou d’une serrure pour regarder des femmes qui pissent. J’en ai vu. Mais pas ici. Pas chez moi. Chez moi les femmes pissent assises. C’est ainsi qu’elles pissent. C’est ainsi que j’ai voulu qu’elles pissent. Quand les femmes pissent, elles baissent culottes et pantalons jusqu’aux genoux, remontent les jupes afin de ne pas souiller l’habit et voilà. Les fermetures éclair sifflent, les doublures couinent, la soie s’ébroue ou la toile chuinte, s’ouvrant sur le monde... Et moi j’entends la musique, la musique des femmes qui pissent...
À ce moment, une porte s’ouvre, une dame entre. C’est La Dame 2.
La Dame 2 Il m’arrive parfois de profiter de ce moment c’est vrai, pour rêver un peu en attendant que ça finisse. Peut-être la position assise des femmes pendant la miction permet un certain abandon, quelques secondes. Tout se pose. Le corps repose, tassement de colonne vertébrale, ensommeillement du monde, tout à la contemplation de la porte fermée, du rien suprême, une sorte de grâce d’urinoir.
À ce moment, une porte s’ouvre, une dame entre. C’est La Dame 3.
La Dame 3 Et si par hasard on s’est retenues un moment...
La Dame 2 Jambes serrées, muscles tendus, crispation des mâchoires et de la vessie.
La Dame 3 Lorsqu’on vient s’oublier enfin, il me semble qu’on est comme aux anges.
La Dame 2 Lâché prise du corps, retombée de cerveau.
La Dame 3 Petit Bouddha souriant.
La Dame 2 La grâce je vous dis, la grâce. Plombée sur le siège, on est en suspension.
La Dame 1 Comme des anges, je vous dis. Immatérielles.
Scène 1
Dans de vastes toilettes pour dames avec des portes fermées en fond, du carrelage, des néons, des lavabos et des miroirs. Une dame seule, La Dame 1, assise près d’une table où domine un panneau portant la mention : « 1 euro pour le service rendu. Merci. »
La Dame 1 N’attendez pas des hommes qu’ils s’assoient pour pisser. Les hommes ne s’assoient pas pour pisser. Ils pissent debout, contre les murs. Il arrive cependant que des hommes profitent du trou d’une serrure pour regarder des femmes qui pissent. J’en ai vu. Mais pas ici. Pas chez moi. Chez moi les femmes pissent assises. C’est ainsi qu’elles pissent. C’est ainsi que j’ai voulu qu’elles pissent. Quand les femmes pissent, elles baissent culottes et pantalons jusqu’aux genoux, remontent les jupes afin de ne pas souiller l’habit et voilà. Les fermetures éclair sifflent, les doublures couinent, la soie s’ébroue ou la toile chuinte, s’ouvrant sur le monde... Et moi j’entends la musique, la musique des femmes qui pissent...
À ce moment, une porte s’ouvre, une dame entre. C’est La Dame 2.
La Dame 2 Il m’arrive parfois de profiter de ce moment c’est vrai, pour rêver un peu en attendant que ça finisse. Peut-être la position assise des femmes pendant la miction permet un certain abandon, quelques secondes. Tout se pose. Le corps repose, tassement de colonne vertébrale, ensommeillement du monde, tout à la contemplation de la porte fermée, du rien suprême, une sorte de grâce d’urinoir.
À ce moment, une porte s’ouvre, une dame entre. C’est La Dame 3.
La Dame 3 Et si par hasard on s’est retenues un moment...
La Dame 2 Jambes serrées, muscles tendus, crispation des mâchoires et de la vessie.
La Dame 3 Lorsqu’on vient s’oublier enfin, il me semble qu’on est comme aux anges.
La Dame 2 Lâché prise du corps, retombée de cerveau.
La Dame 3 Petit Bouddha souriant.
La Dame 2 La grâce je vous dis, la grâce. Plombée sur le siège, on est en suspension.
La Dame 1 Comme des anges, je vous dis. Immatérielles.
Scène 1
Dans de vastes toilettes pour dames avec des portes fermées en fond, du carrelage, des néons, des lavabos et des miroirs. Une dame seule, La Dame 1, assise près d’une table où domine un panneau portant la mention : « 1 euro pour le service rendu. Merci. »
La Dame 1 N’attendez pas des hommes qu’ils s’assoient pour pisser. Les hommes ne s’assoient pas pour pisser. Ils pissent debout, contre les murs. Il arrive cependant que des hommes profitent du trou d’une serrure pour regarder des femmes qui pissent. J’en ai vu. Mais pas ici. Pas chez moi. Chez moi les femmes pissent assises. C’est ainsi qu’elles pissent. C’est ainsi que j’ai voulu qu’elles pissent. Quand les femmes pissent, elles baissent culottes et pantalons jusqu’aux genoux, remontent les jupes afin de ne pas souiller l’habit et voilà. Les fermetures éclair sifflent, les doublures couinent, la soie s’ébroue ou la toile chuinte, s’ouvrant sur le monde... Et moi j’entends la musique, la musique des femmes qui pissent...
À ce moment, une porte s’ouvre, une dame entre. C’est La Dame 2.
La Dame 2 Il m’arrive parfois de profiter de ce moment c’est vrai, pour rêver un peu en attendant que ça finisse. Peut-être la position assise des femmes pendant la miction permet un certain abandon, quelques secondes. Tout se pose. Le corps repose, tassement de colonne vertébrale, ensommeillement du monde, tout à la contemplation de la porte fermée, du rien suprême, une sorte de grâce d’urinoir.
À ce moment, une porte s’ouvre, une dame entre. C’est La Dame 3.
La Dame 3 Et si par hasard on s’est retenues un moment...
La Dame 2 Jambes serrées, muscles tendus, crispation des mâchoires et de la vessie.
La Dame 3 Lorsqu’on vient s’oublier enfin, il me semble qu’on est comme aux anges.
La Dame 2 Lâché prise du corps, retombée de cerveau.
La Dame 3 Petit Bouddha souriant.
La Dame 2 La grâce je vous dis, la grâce. Plombée sur le siège, on est en suspension.
La Dame 1 Comme des anges, je vous dis. Immatérielles.