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Théâtre(s)
Olivier Py
Actes du théâtre n° 12.[ imprimer ]
" Un homme apparaît peignant à lui-même une plaie de théâtre. C'est un enfant de la paix, il est né trois ans après la guerre, d'Algérie. Pourtant il parle à son bourreau et souffre sous ses coups. Il devient le supplicié, emblème de tous les enfants exploités, anonymes de notre temps, immolés à l'autel de l'homme moderne. Théâtre de la vengeance, théâtre de la culpabilité, théâtre de l'héritage douloureux! Est-il possible de racheter les crimes de ses parents? L'auteur, avec le mot "théâtre", dissimule, il dit sans dire l'adoration pour le "âcre" et simulé du mot "simul-âcre". "
Claude Confortès, dans Répertoire du théâtre contemporain de langue française

" …L'écriture mordante de ce poète extraverti aux inventions langagières inouïes ne manque pas de séduction. Toujours fiévreuse, presque excessive, elle nourrit une véritable pensée politique qui alimente la dimension sociale d'un théâtre résolument engagé. "
Le Progrès de Lyon

" Je connais les pièges du narcissisme, ou de la complaisance. Olivier Py les frôle sans y tomber grâce à son écriture éblouissante, à sa vitalité. Grâce aux thèmes qu'il développe, à la façon dont il plonge aux racines de l'enfance, avec ses fantasmagories, ses terreurs, avec ses désirs, ses plaisirs. Grâce à la façon dont il pose les figures du Père trop admiré, de la Mère trop aimante. "
Michel Raskine, cité par Colette Godard

Création le 3 juin 1998 au Théâtre du Point du Jour de Lyon par Michel Raskine, qui passe commande de la pièce à l'auteur en 1996. Au festival d'Avignon 1999, puis tournée.
M.e.s : Michel Raskine. - Rég. gén. : Martial Jacquemet. - Cost. : Josy Lopez. - Lum. : Thierry Gouin. - Son : Franck Morel. - Avec : Marief Guittier, Philippe Demarle, Yves Ferry, Jean-Louis Delorme, Gwenaël Morin.

Personnages : 1 femme(s) - 4 homme(s) -
Éditions Les Solitaires Intempestifs. - www.solitairesintempestifs.com

LE BOUC : Tu crois que de nouvelles muses président à ton poème, pauvre pédant. Il s'agit toujours de la même histoire, se réconcilier avec la mère patrie et voir le visage de son père. Voir le visage de son père, tu ne saurais pas trouver d'autres fables à ton théâtre, et en quelle langue chanter? En quelle langue chanter si ce n'est dans la langue maternelle. De cela, tu feras ton enfer. Chanter le désir du visage de ton père avec les mots maternels.
Il faudra que tu aies longuement insulté ta patrie, il faudra que tu aies craché des nuits entières sur les symboles de ta patrie. Il faudra que tu aies longuement insulté ta patrie. Il te faudra brûler le drapeau, renverser les urnes votiques, raturer les icônes. Et quand le dégoût de ta mère patrie sera arrivé au point de non-retour, tu aimeras ta patrie au-delà d'elle-même, dans son idée, tu seras le porteur de cette idée et l'on ne te confondra pas avec les imbéciles des défilés.
Mais être réconcilié avec la langue maternelle cela est-il encore possible? En français! Un poème en français, cela est-il possible? Mais si tu chantais en arabe, cela ne serait pas plus juste. Aujourd'hui, les Algériens chantent en français pour retrouver le chant de l'Algérie véritable. Les Français doivent peut-être chanter en arabe pour retrouver le chant de la France. Le français des Arabes est plus français que jamais aucun poème français ne pourrait l'oser.