SACD - Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques
Entr'Actes
accueil
la moisson des auteurs
à l'étranger
la moisson des traductions
paroles d'auteurs
à l'affiche
au catalogue des éditeurs
archives actes du théâtre
 
 
Actes du théâtre :
la lettre d'information
 
Plan du site
 
[ anglais ]
 
 

la moisson des auteurs

 
     
Les Trompettes de la mort
Tilly
Les Trompettes de la mort
photo : G. Lespagnon
Actes du théâtre n° 27.[ imprimer ]
Annick et Henriette-Alexane ne se sont pas revues depuis des années. Contrairement à Henriette qui n’a qu’un rêve : briller à l’écran ou sur scène dans la capitale, Annick reste attachée à sa Bretagne natale. Elle mène à Paris une vie solitaire et sans histoire, dans son studio meublé sur catalogue. L’intrusion d’Henriette, puis de son ami, Jeff, dans l’intimité d’Annick, va distiller le poison de la solitude et des différences sociales. Le miroir se fissure et se brise, mettant à nu des blessures profondes.

« La reprise, par de tout jeunes acteurs, des Trompettes de la mort apporte, s’il en était besoin la preuve de la puissance toujours active de cette écriture. (…) Ce qui vous frappera, c’est la densité des personnages que dessine Tilly, la puissance du fond, la manière subtile dont il nous fait comprendre les pensées, les tourments de l’une et les tentations des autres. (…)
En à peine plus d’une heure, Tilly nous plonge au cœur d’une réalité sensible, sociale, politique.
C’est en cela que sa pièce a force universelle.
Les années 1980 ou le début 2000, c’est tout un. »
Armelle Héliot, Le Figaro, lundi 5 mai 2008

Recréation au Petit Hébertot, du 9 septembre au 12 octobre 2008 après le Bouffon-Théâtre (avril-mai 2008). Les Trompettes de la mort a été mise en scène par l’auteur et créée au Théâtre de la Salamandre à Lille, en 1985, puis reprise Théâtre Paris-Villette en 1986. Elle a fait l’objet d’une tournée de deux ans en Europe : Berlin, Varsovie, Prague, Budapest et Lisbonne. Elle a été jouée avec une nouvelle distribution en 1996 au théâtre de la Coursive à la Rochelle ; en tournée pendant deux ans, puis au Théâtre de la Colline en 1997 (toujours dans une mise en scène de l’auteur).

Mise en scène : Éric Guérin. Avec : Gaëlle Merle, Geraldine Brandao, Xavier Irigoin et la voix de Jacqueline Jéhanneuf.

Traductions disponibles en allemand, anglais, bulgare, polonais.

Personnages : 2 femme(s) - 1 homme(s) -
Éditions Actes Sud ~ Papiers. - www.actes-sud.fr

HENRIETTE C’est mignon chez toi (Annick sort de la cuisine et pose sur la table basse un bol rempli de glaçons et une cuillère.) Je te disais que c’était coquet chez toi.
ANNICK Tu trouves ?
HENRIETTE Tu es propriétaire ?
ANNICK Non.
HENRIETTE C’est cher ?
ANNICK Quatre mille deux cents francs par mois, charges comprises.
HENRIETTE C’est cher. Remarque, je ne me rends pas compte, je suis propriétaire. Je ne sais pas si je t’aurais reconnue, ça fait tellement longtemps.
ANNICK Moi si. Je t’ai vue des fois à la télévision et à l’enterrement de ta grand-mère.
HENRIETTE C’est la seule fois en vingt ans que je suis retournée là-bas.
ANNICK Tu prendras bien un petit apéritif en attendant ton ami.
HENRIETTE Je ne suis pas très apéritif, en revanche un petit café.
ANNICK Je n’ai que du Nes.
HENRIETTE C’est parfait.
Annick va dans la cuisine mettre de l’eau à chauffer. Henriette la suit et reste près du rideau qu’elle écarte.HENRIETTE C’est mignon ta cuisine. Je ne prends pas de sucre.
Elle retourne à la table ronde prendre une cigarette. Annick apporte sur la table basse, tasse soucoupe, petite cuillère et café soluble.
ANNICK L’eau est en train de chauffer.
HENRIETTE Et toi, tu retournes souvent là-bas ?
ANNICK Tous les vendredis soir et je reviens le lundi matin.
HENRIETTE Crevant.
ANNICK Il y a le TGV.
(…)
HENRIETTE Tu vas chez ta mère ?
ANNICK Oui.
HENRIETTE Qu’est-ce qu’elle devient ?
ANNICK Elle travaille à la maison des vieux.
HENRIETTE Tu avais une sœur aussi, ou bien ?
ANNICK Oui, Madeleine.
HENRIETTE C’était une grande fille très mince.
ANNICK Elle a changé, elle est devenue grosse.
HENRIETTE Je me souviens que vous aviez un surnom, c’était comment déjà ?
ANNICK Nouille et Macaroni.
HENRIETTE C’est vrai, quelle horreur, moi c’était la Crâneuse.
ANNICK Je ne me rappelais plus.
HENRIETTE Moi si. Quel pays de ploucs.
(…)
HENRIETTE …. Et toi tu n’es pas mariée ?
ANNICK Non.
HENRIETTE Je croyais que tu avais été fiancée.
ANNICK Il y a longtemps, au fils Le Moigne, mais ma mère et la sienne se sont fâchées, alors tu penses…