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Le Ciné du docteur Sidi
Élie-Georges Berreby
Le Ciné du docteur Sidi
Alain Lacomme, Sylvie Korb, Christian Cavelli, Jacqueline Salat, Alain Mangenot - Christian Weiss
Actes du théâtre n° 20.[ imprimer ]
A 50 ans, un homme se demande, malgré sa brillante réussite sociale : qu’ai-je fait de ma vie ? S’écartant d’une épouse encombrante, il invente la machine qui devrait lui permettre de retrouver ses 20 ans. Mais l’habitude de se jouer la comédie et de la jouer aux autres est tenace.

« …Berreby observe avec tendresse l’effort du Dr Sidi et traite son “cinéma” par la dérision. Il sait que la meilleure communication entre les hommes est celle du rire et que le burlesque a souvent été le plus court chemin pour parvenir aux vérités subversives. »
C.M., Le Quotidien, 28 octobre 1978
«Une farce violente, percutante, qui surprend de scène en sketch. »
Roger Maria, La Vie Ouvrière, novembre 1978

Créé à l’Aire Libre-Montparnasse le 20 septembre 1978 par la compagnie du Fil d’Ariane. A représenté la France avec succès au Festival de Sitges.
Mise en scène: Jean-Paul Alègre. Avec : Pierre-Henri Colin, Christian Cavelli, Annick Cuny, Sylvie Korb, Alain Mangenot,…

Personnages : 4 femme(s) - 4 homme(s) - pour interpréter 12 rôles
Editions : L’Avant-Scène no 635 (sous le titre Sidi-Ciné ; 1978) ; Le Cherche Midi éditeur (sous le titre Le Ciné du docteur Sidi in Élie-Georges Berreby Théâtre I ; 1986).

ANGE Brutler, ce que je vous vends, c’est MON temps. Définitivement livré au groupe Brutler. MON temps. Je peux faire que les heures soient extensibles, mais je n’empêcherai plus les années de passer. MON temps, Brutler. Ce qui me reste à vivre pour accomplir ma vraie destinée. (Comme s’il étalait un tapis, indiquant d’un geste à Brutler de prendre l’autre bout.) Regardez-le bien : un tissage fait de main d’homme, patiemment, amoureusement. Des couleurs de rêve. Du travail d’artisan qui soigne son ouvrage. Regardez ces dessins. Regardez les motifs des journées, des semaines, des années. Pas une journée qui ressemble à la précédente. Quelle merveille ! Regardez le cheminement de cette espérance, son aboutissement triomphant. Et celle-là : une apothéose. (Brutler palpe en jouant les sceptiques.) Tenez, parce qu’au fond je vous aime bien, je vais vous faire une réduction. Moi, je ne suis pas un homme d’argent. (Il lui souffle un prix à l’oreille.)
BRUTLER (bondissant en arrière) Mais c’est beaucoup trop. Non ! Non ! Dans ces conditions… (Fausse sortie et revenant.) Je ne peux vous donner plus du quart de cette somme. Et encore ! Vous devrez me faire des facilités. Sur trente ans.
ANGE Si c’est pour vendre à ce prix-là, je préfère ne pas perdre mon temps. (Fausse sortie et revenant.) Moi, je suis obligé de rester.
BRUTLER Vous me mettez le couteau sur la gorge.
ANGE Je ne suis pas venu vous chercher.
BRUTLER Allons, ne vous fâchez pas. Entre gens du même monde, il y a toujours moyen de s’entendre.
ANGE Si le groupe Brutler n’est pas intéressé…
BRUTLER Mettez-vous à sa portée. Vous ne vous rendez pas compte, parce qu’au Grand Château vous êtes logé et nourri. Dehors la vie devient de plus en plus difficile : l’impôt cantonal, la T.V.A., l’impôt spatial, l’impôt minéral…
ANGE Les taxes radiophoniques…
BRUTLER Riez ! Riez ! Depuis que vous êtes ici, les pommes de terre ont encore augmenté. Comme beaucoup de gens, je vis dans l’angoisse du lendemain. Mais vous me prenez pour un milliardaire ! Moi, je n’ai rien, rien. Tout est au groupe. Et le groupe n’a, pour ainsi dire aucune disponibilité. Que demain la crise éclate, hein ? Nos immeubles, nos usines, nos grands magasins, nos pétroliers, personne n’en voudra. Ce sera la ruine.