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La Deuxième Ligne
Marie-France Marsot
La Deuxième Ligne
Actes du théâtre n° 22.[ imprimer ]
L’installation d’une deuxième ligne de téléphone vient faire valser le monde fermé d’une mère, d’un père et de leur fille. Ils n’ont pour tout horizon que les mille détails, monstrueux, étouffants de la vie de tous les jours. Un univers compulsivement hyperréaliste d’où la communication est absente et qui, frappé d’absurdité, vacille entre le rire et les larmes.


« On nous avait prévenus. Mais nul ne pouvait pressentir sans l’avoir entendue l’incisive cruauté de ce huis clos… Dès les premières minutes, alors que pas un mot n’a encore été prononcé, le poids de la misère se fait sentir. […] On est tous enfant, parent ou conjoint. La Deuxième Ligne touche un endroit sensible de l’individu dans l’appréhension de ce(s) statut(s). Elle résonnera longtemps en lui après la tombée du rideau. Et suscitera nombre de débats introspectifs. Bref, c’est une réussite. À voir absolument. »
Letizia Dannery, La Marseillaise, 8 mars 2003

Création au Théâtre de Lenche, Marseille, par la compagnie du Mini Théâtre, du 4 au 22 mars 2003.
Mise en scène : Ivan Romeuf. Assistant : Fabrice Michel. Décor et costumes : Éliane Tondut. Création lumière : Jean-Louis Floro. Avec : Michel Bellier, Katell Borvon, Joëlle Cattino, Pierre Palmi.

Personnages : 2 femme(s) - 2 homme(s) -

DENISE Pis si ça continue de même, je m’en vas me suicider … Tu veux pas que je me suicide
GEORGES Ben… non…
DENISE Y veut pas que je me suicide… Mais c’est pas parce que ça te ferait trop de peine
GEORGES (distrait) C’est parce que ça me ferait pas de peine.
DENISE Maudit sans cœur
GEORGES Ben oui, j’aurais de la peine
DENISE C’est pas ce que t’as dit
GEORGES Ben… ça m’a échappé.
DENISE Ha Y paraît que quand ça nous échappe, c’est parce que c’est vrai.
GEORGES Dans ce cas-là, ça sert à rien de se retenir…
DENISE… C’est pas la peine qui le ferait mourir. Y va vivre vieux, lui. Y est jamais malade … Comment ça se fait que t’es jamais malade … Toujours aux mêmes de souffrir. Ceux qui souffrent sont malades. Ça m’enrage de le voir en santé Même pas une grippe Même pas un maux de tête … Mais la semaine passée, j’y ai trouvé de l’arthrite. Je peux pas croire qui va s’en sauver de la vie en santé
GEORGES (montrant son bras gauche) Oui, j’ai fait un peu d’arthrite dans le bras gauche. C’est la température.
DENISE Pis change pas de sujet T’es bon là-dedans, changer de sujet. Là, y va me parler de son arthrite quand y voulait tout à l’heure que je me suicide … Je me suiciderai pas parce que ça te ferait ben trop plaisir.
GEORGES Tu me feras pas m’échapper ce’ fois-ci
DENISE De toutes façons, je vas mourir dans pas longtemps.
GEORGES C’est moi qui va mourir avant toi.
DENISE T’es même pas malade
GEORGES Ça veut rien dire.
DENISE Commence au moins par être malade un peu
GEORGES Je suis malade des fois.
DENISE Ça t’arrive pas souvent
GEORGES R’garde mon arthrite
DENISE Ça fait pas mourir ça de l’arthrite.
GEORGES Mon coeur y est pas fort aussi.
DENISE C’est pas ton petit trou dans le coeur qui va te faire mourir Le docteur l’a dit. Un souffle au coeur, c’est pas mortel.
GEORGES Ça dépend si ça s’agrandit… Un trou, ça peut devenir mortel.
DENISE Va falloir qu’y s’agrandisse pas mal pour que je le prenne au sérieux ton trou.