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Pierre & fils
Pierre Palmade et Christophe Duthuron
Pierre & fils
photo : DR
Actes du théâtre n° 22.[ imprimer ]
Pierre Malaquet, jeune cadre rigide, surprend un inconnu en train de voler dans son supermarché. Inconnu vraiment Un air de famille se dessine dans le physique dégingandé et les yeux délavés du vieux larron. Surprise C’est papa Malaquet qui est venu renouer avec son fiston… après 38 ans d’absence.

« Une dizaine de tableaux raconte les rapports en forme de montagne russe qui régissent Pierre Malaquet, un jeune cadre psychorigide, et son père sans le sou, irresponsable, qui débarque sans crier gare un soir de Noël… On rira donc aux aventures de ces deux hommes qui finiront peut-être par se réconcilier, après bien des difficultés d’adaptation. »
Marion Thébaud, Le Figaro, 3 octobre 2006

Théâtre des Variétés, Paris, 21 septembre 2006 – 8 janvier 2007. Création à Bordeaux, en septembre 2006.
Mise en scène : Christophe Duthuron. Assistant : Romuald Borys. Musique : Christophe et Olivier Defays. Décor : Bernard Fau. Costumes : Sophie Goudard. Lumières : Julien Simon. Avec : Pierre Palmade et Pierre Richard.

Personnages : 2 homme(s) -

LE SUPERMARCHE
PP (au Talkie) Julien… Vous pouvez faire entrer l’homme que vous avez appréhendé s’il vous plait … merci…
PP se positionne au fond, au centre, dos au public, les mains dans le dos, comme un proviseur attend un élève à la fenêtre.
PR entre, tendu mais assuré.

PP (de dos) Bonjour monsieur.
PR Bonjour monsieur le proviseur.
PP Je suis Directeur de ce supermarché, pas proviseur…
PR Pardon.
[…]
PP Vous venez d’essayer de voler un sécateur, cinq tranches de jambon mi-cuit et une robe de printemps au nez et à la barbe d’une de mes caissières. […] Ce qui est insensé c’est que vous avez fait ça avec un manque de discrétion hallucinant.
PR Je suis désolé, je ferai mieux la prochaine fois.
PP Vous avez tout mis dans un sac à dos sans même prendre la peine d’acheter quelque chose d’autre, c’est énorme.
PR En même temps si j’avais mis la robe et que j’avais fait semblant d’avoir cueilli cinq tranches de jambon je sais pas si j’aurais été plus discret.
PP Mais enfin qu’est-ce qui vous a pris monsieur Vous n’avez rien d’un voyou…
PR Vous voulez dire que je ne suis ni jeune, ni arabe
PP Qu’est-ce que vous insinuez
PR Des choses pas très jolies-jolies…
PP Mais je n’ai parlé ni de jeune ni d’arabe. Je vous interdis de me traiter de raciste
PR Alors oublions les arabes, c’est mon âge qui vous gène
PP C’est vrai que j’ai plus l’habitude de voir des ados dans ce bureau et moins des…
PR Des vieux
PP Des gens de votre âge.
PR (se levant) Alors ça c’est incroyable On rêve Ca, ça me tue ces idées reçues :
Les jeunes ça s’amuse, les vieux, ça tricote Les jeunes ça voyage, les vieux ça jardine, les jeunes ça baise, les vieux ça se chie dessus Et allez En avant les clichés Et pourquoi à mon âge on n’aurait pas le droit de voler monsieur le directeur Hein Pourquoi
PP Parce qu’on a pas le droit de voler tout court.
PR (se rasseyant) La réponse est pas mal… Bon Vous n’avez plus besoin de moi
PP Mais si Mais enfin mais c’est pas du tout le genre de réaction qu’il faut avoir monsieur. Je ne peux pas vous laisser partir comme ça… On a des choses à se dire […] Y’a quelque chose qui m’échappe c’est le lien entre la robe, le sécateur et les tranches de jambon…
PR Le lien Ah vous voulez un lien … Oh oh, il veut un lien… Et ben le lien, ça tombe sous le sens, c’est que tout était dans le même magasin.
Je me voyais mal faire le printemps, courir dans une quincaillerie et ensuite aller chez le boucher. Merci, ça m’aurait pris la journée. Non là, on a quand même tout sous la main, c’est diablement pratique