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Sad Lisa
Sabine Tamisier
Sad Lisa
Emile Zeizig http://www.mascarille.com/
Actes du théâtre n° 41.[ imprimer ]
« Une maison modeste. Lisa, la mère, la trentaine, s’enferme peu à peu dans le mutisme. Pour se protéger de quoi ? D’une vie difficile ? De Franck, son mari un peu perdu qui abuse de la bouteille ? Heureusement, la communauté familiale est tenue par Lucie, leur fille, adolescente énergique et lumineuse, mûre avant l’heure. Elle ne rêve rien tant que d’entendre parler sa mère. Enfin.
Sad Lisa est un texte sur le silence, la tension, la violence rentrée, la douleur pudique. Sabine Tamisier cisèle l’épure pour créer une atmosphère pesante : on est chez les taiseux. La parole n’est pas facile pour ceux dépouillés de tout.
Loin de tout misérabilisme, grâce à une langue belle et concise, l’auteur conserve pour ses personnages une tendresse non feinte, porteuse d’espoir. Pendant qu’un vieux disque de Cat Stevens joue Sad Lisa… »
4ème de couverture du livre, écrite par l'équipe de Théâtrales

"Sauver les apparences, c'est ce que tentent de faire les personnages de Sad Lisa. Faire ses devoirs, savourer des endives au jambon, partir travailler à l'aube, s'occuper du bébé, la famille Middlewest joue à faire comme si. Sauf que la mère Lisa ne parle plus, que Franck le père boit de plus en plus et que Lucie, leur adolescente de fille, a bien du mal à maintenir un semblant de normalité dans ce foyer en friche, comme l'est le jardinet devant la maison. Un drame a eu lieu qui a réduit cette famille en miettes. La pièce est d'ailleurs structurée en 15 débris, morceaux d'une existence à la dérive, cernée de fantômes et de chansons tristes qui trottent dans les têtes. La langue, concise, syncopée, va à l'essentiel, sans fioritures ni faux-semblants. Elle épouse le quotidien et lui confère une vraie tension dramatique, que les lectures publiques de l'auteur exaltent".
Fred Robert, Zibeline n°28, mars 2010

Création à l'Espace Culturel de Vendenheim les 11 et 18 novembre 2010 ; au Taps Scala de Strasbourg du 30 novembre au 5 décembre 2010 ; à l'espace Grün de Cernay le 10 décembre 2010.
Mise en scène : Francis Freyburger (Cie Théâtre de La Cruelle). Avec : Éloïse Brunet, Pascale Lequesne, Pierre Henri, Mathias Jung.

Personnages : 2 femme(s) - 2 homme(s) - et un bébé
Editions Théâtrales - www.editionstheatrales.fr

HUITIEME DEBRIS
Les visites du dimanche


Matin. Cimetière.
Lisa et Franck devant la tombe d'un enfant.
Elle a un bouquet de fleurs roses et jaunes dans la main.


FRANCK Pas Byzance ici, hein ?
Clope Lisa ?
Non ? Bon. Moi non plus.

Silence.
Il se penche sur la tombe, attrape un vase vide regarde Lisa.


Vais chercher d'l'eau ?
Il y va. Revient.
G'lé. Rien qui coule.
On s'les gèle ici hein Lisa ? 'sa ?
On va prendre un verre chez Gass ?

Elle lui prend le vase des mains, y dépose le bouquet de fleurs délicatement à côté d'une photo.
Elle grimpe sur la tombe, nettoie.


Lucie (au loin) Pa' ?! C'a y est bientôt ?
Y'a 'tit frère qui pleure dans la bagnole. 'me casse la tête !

Franck Ouais Lucie ! Attends. Rentre. Tu vas attraper la crève !
Geste des mainsAllez !
                                                                                                                                             
LUCIE Chié. Ras la casquette des visites du dimanche !
Toujours pour ma pomme l'autre là.

FRANCK Lucie !

Lisa se relève. Essuie les mains sur son manteau.
Puis elle sort.
Franck reste planté. Il la regarde partir. Regarde la photo.
Passe une main sur son visage


Peux plus.
Peux plus.
Vers Lisa
 'ttends.
Attends- moi Lisa.
Il sort.

Lucie entre en courant du côté opposé à Frank.
Elle va devant la tombe, les poings serrés, regarde la photo.


LUCIE Faut t'arrêter tu comprends ?
Tu m'empêches tu comprends ? Tu m'empêches.
Pars de têtes hein ?
Pars de têtes ou j'vais lâcher les dogs tu m'entends ? Pars !

FRANCK (Au loin. Il crie.) Qu'est-ce tu fous Lucie ?
T'as laissé ton frère tout seul bordel !

LUCIE J'arrive !
Elle saute sur la tombe et renverse la photo visage contre terre.
Elle sort.