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Expatriés
Caroline de Kergariou
Actes du théâtre n° 44.[ imprimer ]
Les loyers explosent à Paris : voilà donc Pétronille et Gonzague contraints de quitter le Marais pour aller s’expatrier en banlieue rouge. Leur nouvelle adresse : rue Lénine ! Un vrai choc culturel ! Aucun de leurs anciens amis parisiens ne daigne franchir le périf afin de venir les voir. Heureusement ils copinent vite avec l’épouse de leur voisin, Patrick Z’baoué, l’ancien capitaine des Bleus revenu sur les lieux de son enfance afin de faire profiter les ados défavorisés de toute sa notoriété…

« L’univers de Caroline de Kergariou, c’est la comédie, mais une comédie à l’anglaise, qui traite avec humour les pans les plus dramatiques de la société contemporaine et nous fait rire en maniant l’autodérision, jamais la moquerie. Après la solitude des vieillards, l’agoraphobie ou les brutalités du management d’entreprise, avec Expatriés, sous couvert de nous conter les aventures d’une famille de bobos en banlieue elle aborde la crise mondiale et l’immobilier… Résultat : on rit…jaune ! »
Patrick Liegibel, responsable de la fiction à France Inter

Création le samedi 3 avril 2010 sur France Inter dans l’émission Nuits Noires, Nuits Blanches.
Réalisation : Jacques Taroni. Avec : Delphine Rich (Pétronille), Marc Fayet (Gonzague), Cécile Rebboah (Blandine), Florence Maury (Julie), Jean Lescot (Joseph).

Personnages : 3 femme(s) - 2 homme(s) -

Ambiance fin de dîner réussie : rires et conversations, cliquetis de cristal, vin qui coule dans les verres, etc.
Gonzague fait revenir le silence en tapant sur son verre avec son couteau.

GONZAGUE (se raclant la gorge comme pour faire un discours) Chers amis…
JULIE (bien allumée) Un discours ! Un discours ! Un dis(cours)…
GONZAGUE (la coupant) Comme vous le savez tous, nous sommes le 5 mars, ainsi ceux qui viennent de Paris pour la première fois vont avoir l’occasion unique d’entendre quelque chose de rare, l’émouvant témoignage d’une fidélité indéfectible…
JULIE (bas, à l’oreille de Pétronille) Qu’est-ce qui lui prend, à ton mari ? « Fidélité indéfectible »… Jusqu’à présent il se préoccupait plutôt de rapter la clientèle du produit concurrent…
PETRONILLE Chuuuuttttt…
GONZAGUE Une fidélité qui a survécu à tous les témoignages, aux démentis de l’Histoire, à…
De l’extérieur proviennent brusquement les riches accents des Chœurs de l’Armée Rouge interprétant l’Internationale à très haut volume.
Julie pousse un cri de surprise.
JULIE (saisie) Mais qu’est-ce que c’est que ça ?
PETRONILLE (parlant fort, avec un rire indulgent) Notre vieux voisin, Joseph, il est toujours stalinien, tu te rends compte ? Après la révélation des purges, des déportations, des millions de morts et tout ça, hé bien il continue tous les ans à fêter l’anniversaire et la mort du héros de son enfance ! Je trouve ça trop chou !
GONZAGUE (parlant fort) Depuis que Pétronille le mentionne dans son site pour la chambre d’hôte, on refuse du monde ! Ils veulent tous avoir leur photo à côté de Joseph en train de hisser son drapeau avec la serpe et le marteau !
PETRONILLE (mezzo voce) La faucille, mon chéri, la faucille !
JULIE (parlant fort) Quand est-ce que ça va s’arrêter ?
PETRONILLE (avec indulgence) Oh la la ! Pas avant minuit ! Ca te dérange ? Je trouve qu’il y a un truc dans cette mélodie… ça pourrait bien faire un tube…