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Aller chercher demain
Denise Chalem
Actes du théâtre n° 45.[ imprimer ]
« Tous les jours que Dieu fait, Charles qui vit avec sa fille Nicole, lui raconte les mêmes blagues juives pour la faire sourire. Elle, infirmière de nuit à l'hôpital, la seule chose qui lui importe c'est d'avoir le courage ‘d'aller chercher demain’. Au-delà du jour qui suit, elle ne veut faire aucun projet. Ni se marier avec Adrien, ni faire un régime, ni remplir leur appartement de fleurs - même si toutes les femmes normales aiment les fleurs - ni, ni...Seulement voilà, un jour, son quotidien bascule.
Entre rire et émotion, j'ai essayé d'évoquer le délicat problème de la fin de vie. »
Denise Chalem

« Il y a dans Aller chercher demain un mélange de réalisme, de fantaisie et d’âpreté. Il faut donc être vigilant sur le traitement de la pièce afin de ne pas l’alourdir avec un naturalisme inutile.
[…]
Tout d’abord, le texte doit se jouer vite, sans nostalgie afin de lui conserver sa ‘bonne santé’ et ne pas peser sur le propos. Il faut, pour ce faire, chercher et trouver la fantaisie qui se niche dans chaque personnage. Travailler sur les détails physiques de chacun. Ainsi le père peut avoir les pieds plats, ce qui lui donnera une démarche pataude et enfantine. La fille est nerveuse, toujours en mouvement. Elle ne se pose jamais, mangée qu’elle est par son travail d’infirmière de nuit en soins palliatifs. En revanche, chez elle, elle étouffe. On pourra chercher toutes sortes de geste qui trahissent son envie d’être ailleurs, même lorsqu’elle tâche de s’occuper de son père le mieux possible. Tout un travail sur ce que raconte le corps, en dehors des dialogues, est donc primordial.

Ces personnages sont bien des héros ordinaires que j’aimerais transcender le temps d’une représentation car leurs failles, tout autant que leur courage, doivent nous aider, entre rire et émotion, à nous interroger sur le délicat problème de fin de vie. »
Note d’intention de mise en scène, Denise Chalem


Création le 22 janvier au Petit Théâtre de Paris.
Mise en scène : Didier Long. Décorateur : Jean-Michel Adam. Lumière : Gaëlle de Malglaitte. Son : François Pérony. Costumes : Vuillermoz. Avec : Michel Au mont, Denise Chalem, Philippe Uchan, Nanou Garcia.

Personnages : 2 femme(s) - 2 homme(s) -

Le père est attablé. Nicole le sert. Elle est en manteau, prête à partir.

CHARLES Et celle-là, tu la connais ? Un garçon apporte un guefilté fish au client qui l’étudie, le renifle puis se penche et commence à parler au poisson. Monsieur, demande le garçon sidéré, que faites-vous ? Je parle à ce poisson. Vous parlez à un poisson ? Certainement. Il se trouve que je connais sept langues de poisson. Mais qu’est-ce que vous lui dites ? Je lui ai demandé d’où il venait et il m’a répondu : Du Nord. Alors je lui ai demandé comment ça allait, là-bas, dans le Nord et il m’a répondu : Comment voulez-vous que je le sache ? Ça fait des semaines que j’ai été pêché.
NICOLE C’est froid maintenant.
CHARLES Elle te fait pas rire ?
NICOLE Tu me la ressers chaque fois que je te fais du poisson.
CHARLES Parce qu’il pue ton poisson.
NICOLE A tout à l’heure.
CHARLES Même le dimanche ? Tu ne restes pas avec moi ?
NICOLE Et qui va faire le marché ?
CHARLES Je vais être le seul à m’empoisonner alors. (Elle sort.) Hein ? Le seul ? Il faut manger. Tu as de la chance. Beaucoup. Beaucoup de chance. Pense à tous ces petits enfants qui n’ont pas de quoi. (Il mastique une bouchée en fermant les yeux. Pendant ce temps un homme entre et s’assoit silencieusement en face de lui. Le père ouvre les yeux et sursaute.)Adrien ! Par où es-tu passé ?