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[ anglais ] |
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la moisson des auteurs |
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Et Dieu pour tous Tilly | | | | Trois personnages, une femme, un homme et un jeune homme.
Tous les trois se jaugent, s’affrontent, se jugent, se mentent, se découvrent, se haïssent, s’aiment. Au bout de cette nuit, leur vie changera peut-être en bien ou en mal, en meilleur ou en pire, Dieu seul le sait.
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| « C’est une comédie sarcastique qui ne lésine pas sur le verbe. C’est avant tout un texte sur la culpabilité. L’être humain a beau être victime de trahison, de viol, d’inceste, il se rend aussi coupable. Cette culpabilité est inhérente au monde judéo-chrétien. C’est sans doute pourquoi l’auteur ironise sur la religion et règle des comptes avec de misérables bondieuseries. »
Comité de lecture Entr’Actes
Et Dieu pour tous !
« Voilà bien les temps d’aujourd’hui.
Le coup dans la gueule qu’on reçoit en lisant cette pièce vient d’abord de là.
On y est, en plein, dans l’aujourd’hui planétaire, ses interconnections et ses mafias, sa brutalité cannibale. En prise directe avec l’inquiétude du temps présent, ses obsessions et sa violence, dont la pièce déroule le lancinant catalogue.
Comme l’indique le titre, la religion est au centre de la pièce, comme elle revient au centre d’à peu près tout en ce début de troisième millénaire (ainsi l’avait prédit Malraux), mais avec combien de ténébreuses menaces et de scandales immémoriaux à évacuer ! Comme exhumés d’une excavation puante, ces secrets de Polichinelle disent enfin au grand jour la dimension du crime. La violence et la prédation sexuelles pratiquées impunément sous le couvert de la religion et de la famille (inceste, sort des femmes, pédophilie) pendant des siècles.
La ‘trinité’ qui plane au-dessus de la pièce : la religion, le sexe et l’argent.
L’argent sale et le Gotha, la putasserie de haut vol, le sexe comme arme de pouvoir, le viol comme arme de guerre, l’Iran et la sombre galaxie liberticide contre les femmes, la richesse colossale des riches en pays pauvres, la guerre généralisée contre les pauvres, leur mise au ban.
Trois personnages, quasi emblématiques.
Le SDF, l’homme déjeté par la société, vomi sur le trottoir sans espoir ni futur.
L’ex pute de luxe, aux airs d’aventurière richement recyclée, une sorte de star dans son genre, au demeurant nihiliste et convaincue de sa totale dépravation.
Le fils, bâtard, né dans le péché, qui travaille dans le luxe et lèche le cul des puissants, laquais qui crache sur plus humilié que lui.
Drôle de nuit pour de drôles de rencontres, par temps très froid…
La grande force de Et Dieu pour tous, c’est que tout ça est traité sur un mode saugrenu et comique, comme un vaudeville détourné et ‘trash’, en équilibre instable sur un constant décalage de situation, et que la réalité y devient presque à chaque instant surréaliste. D’autant que les trois personnages, à tour de rôle, manient l’art du mensonge avec une sûreté de tueurs professionnels.
Labyrinthe des mensonges indétectables et des vérités bien saignantes, équivoque permanente, jeux dangereux dont on ne saura jamais vraiment les rouages et les implications. Tout cela peut n’être qu’un plan tordu que les seules circonstances - quand même assez spéciales – permettent. Permission de tout lâcher, de tout dire ? Permission de fabuler, de réinventer sa vie, de faire « marcher » un inconnu totalement privé de défense ? Permission de transgresser quoi ?
Le tout emballé dans le chic d’une farce brillante, un jeu de construction ambigu et subtil, qui semble flirter parfois avec la revue ou le cabaret (le numéro blasphématoire délirant où la femme s’exhibe en strip-teaseuse du monothéisme). Plus tard et pour accentuer encore ce décalage grandissant, l’épisode de l’interview filmé où la caméra surgit comme une arme et tisse un piège mortel, comme dans un soap opéra. Enfin la grande scène de mélodrame, l’aveu de l’inceste commis par la mère sur le fils, tentative sans espoir d’annuler par un autre crime celui, inexpiable, de lui avoir donné la vie.
Ce montage de récits contradictoires qui s’entrechoquent. La construction acérée, toute en contrastes, de cette pièce noire et tordante, d’une éclatante nouveauté dans l’écriture de Tilly, révèlent ce qui se cache derrière sa continuité réaliste vraisemblable et remarquablement tenue : un brûlot, un montage explosif, une réponse en miroir (et en gifles) au cynisme triomphant de notre bel aujourd’hui.
Le décor lui-même surpasse le réalisme, il est déjà en lui-même une métaphore radicale : tout en bas, le trottoir, la rue, les poubelles, les déjections sociales. Tout en haut, la haute ou ce qui s’en donne l’air. L’appartement vide, presqu’abstrait, les volets fermés comme en état de siège. Et l’ascenseur de la fortune qui monte et qui descend. »
Michel Hermon
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| La pièce sera présentée en lecture publique les 28 et 29 Juillet 2011 au Festival de NAVA à Limoux.
Production en cours.
Mise en scène de l’auteur. Avec : Brigitte Catillon, Pierre Cassignard, Adrien Melin.
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| Personnages : 1 femme(s) - 2 homme(s) -
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