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Un pavé dans la cour
Didier Caron
Un pavé dans la cour
photo : DR
Actes du théâtre n° 63.[ imprimer ]
Six colocataires d’un petit immeuble organisent dans leur cour une fête pour mieux se connaître. Ils ne seront pas déçus !
Cet apéritif convivial commence au champagne, vire vite au vinaigre et s’achève au vitriol !

« Suggestion est le terme qui m’a guidé tout au long de la rédaction de la pièce. Je désirais sur une histoire simple, identifiable par tous, avec des mots quotidiens, suggérer les douleurs des personnages, sous-entendre des maux plutôt que d’être trop explicite. Le spectateur doit alors combler les vides, les sous-entendus, avec la compréhension qu’il se fait de la situation. Les personnages ne s’entendent pas, au propre comme au figuré d’où les non-dits, les silences, les esquives, les suggestions à déchiffrer.
La direction d’acteur souligne ces suggestions, par un travail où pour chaque comédien, sans autre mot que ceux écrits, il lui est demandé d’éclairer ses trous de gruyère par son vécu, son intériorité. Alors ce qui pouvait paraître léger ou anecdotique devient tension, et les silences s’illuminent et nous éclairent. »
Dider Caron, auteur et metteur en scène

Création au théâtre Michel le 1er février 2013.
Mise en scène : Didier Caron. Assisté de : Delphine Piard. Décor : Claude Pierson. Lumières : Franck Willig. Musique : Thibault Dissoubret, Emmanuel Olson. Avec : Gaëlle Lebert, Pascal Mottier, Bruno Paviot, Virginie Pradal, Julien Ratel, Samantha Rénier ou Constance Carrelet.

Personnages : 3 femme(s) - 3 homme(s) -

PAUL (avec des gobelets et la tarte de sa femme) Myriam a encore disparu ? C’est fou, elle ne m’écoute pas ! Parfois, j’ai l’impression de n’avoir aucune emprise sur elle.
CLAUDINE Attachez-là ! Avec une gamelle et des croquettes et vous aurez la paix.
PAUL J’ai l’impression que ça n’emballe personne cette petite fête, hormis vous et moi.
CLAUDINE Vous faites erreur, ça ne m’amuse pas plus que ça.
PAUL Au moins c’est franc !
BABETH Ma fille est quelqu’un de cash comme vous avez remarqué.
PAUL C’est une qualité. Moi aussi, je dis ce que je pense même si ça ne fait pas toujours plaisir. À la banque où je travaille, ça m’a valu une réputation...
CLAUDINE (le coupe) De connard ?
PAUL Comment vous avez deviné ?!
CLAUDINE Je sais pas, c’est le premier mot qui me soit venu à l’esprit !
PAUL Bien vu. Myriam me reproche d’être un donneur d’ordre, mais il faut bien en donner des ordres sinon rien ne se passe... dans la vie, il y a ceux qui donnent des ordres et ceux qui les exécutent, je suis désolé mais c’est comme ça, c’est naturel, c’est dans les gênes, il y a ceux qui commandent et ceux qui sont commandés.
CLAUDINE Il y a aussi des hommes et des sous-hommes, on sait où ça nous même ce genre de raisonnement.
BABETH Claudine, mesure tes propos s’il te plaît !
PAUL Laissez, il faut bien que jeunesse se passe !... Je vous sens contrariée Babeth ?
BABETH Vous avez eu raison de ne pas avoir d’enfants, vous ne les voyez jamais.
PAUL Ah, Moi j’avais mis ça dans la colonne Avantage ! Vous
voulez un gobelet de Pom... de Beaujolais ?
CLAUDINE Merci, je ne bois que pour les grandes occasions.
PAUL C’en est une !
CLAUDINE Oui, mais encore plus grande.