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Un nouveau départ
Antoine Rault
Actes du théâtre n° 63.[ imprimer ]
Catherine est cadre sup. Toujours pressée, stressée, elle tient sur les nerfs et, comme beaucoup de femmes, voudrait tout maitriser.
Elle a très mal vécu son divorce. Elle élève seule Sarah, sa fille de quinze ans, en pleine crise d’ado. Elles doivent passer Noël toutes les deux mais une violente dispute vient tout gâcher. Sarah reproche à sa mère sa dureté de coeur en prenant pour prétexte le SDF que Catherine a chassé du palier de leur appartement.
Piquée au vif, Catherine file rechercher cet homme, Michel : il partagera leur repas de Noël.

Michel s’est retrouvé à la rue après avoir perdu son emploi et s’être fait plaquer par sa femme. Tendre et drôle, en quête d’amour, il est troublant et désarmant.
A la fin de ce réveillon inattendu, Catherine décide de s’occuper de lui, d’en refaire quelqu’un, de lui retrouver une situation, de le relancer dans la vie.
C’est le début d’une succession de rebondissements comiques et sentimentaux. Car rien ne va se passer comme Catherine l’imaginait. Elle est loin de se douter que Michel va la faire changer autant qu’elle va le faire changer. Ses rapports avec sa fille se transforment aussi.
Au fil des jours, elle s’attache de plus en plus à cet homme exaspérant mais tellement touchant qui va lui faire prendre conscience qu’elle était passée jusqu’ici à côté de sa vie...

Création en Russie et en Allemagne.

Personnages : 2 femme(s) - 1 homme(s) -

L'ascenseur s'arrête à l'étage, projetant un peu de lumière sur le palier.
Michel en sort avec toutes ses petites affaires. Croyant que c'est sa mère, Sarah éteint son baladeur et se relève.

SARAH Maman ? C'est toi ? J'ai oublié mes clefs. Qui est là ? Qui êtes-vous ?
MICHEL Excusez-moi, je... Je crois que je me suis trompé d'étage.
SARAH Ah ! Mais je vous reconnais. C'est vous qui jouez de la guitare sur le trottoir d'en face.
MICHEL Excusez-moi, je...
SARAH Attendez. Pourquoi vous êtes là ?
MICHEL Oh ! Pour rien. Je passais...
SARAH Vous avez froid ?
MICHEL Oui. Vous n'avez pas vos clefs ?
SARAH Non.
MICHEL Et votre maman n'est pas là ?
SARAH Elle ne rentre jamais avant huit heures.
MICHEL Le soir de Noël, je pensais que...
SARAH Tu parles ! Pourquoi ? Vous l'avez vu rentrer ?
MICHEL Non, j'étais pas là. J'ai pas arrêté aujourd'hui. Je faisais la sortie
du Bon Marché. Je vais redescendre.
SARAH Mais non. Restez. Vous ne dérangez personne ici.
MICHEL Si votre maman rentre et qu'elle me trouve là comme hier...
SARAH Vous l'avez vue hier ?
MICHEL Oui.
SARAH Et elle vous a foutu dehors.
MICHEL Oui. Enfin, elle m'a dit que je ne pouvais pas rester là.
SARAH Ça ne m'étonne pas d'elle !
MICHEL Elle a raison. J'ai pas le droit d'être là.
SARAH Qu'est-ce que ça peut lui faire ?
MICHEL Il ne faut pas être trop sévère avec votre mère.
SARAH Elle n'a jamais eu froid, elle, elle ne sait pas ce que c'est.
MICHEL Vous ne vous entendez pas bien avec elle ?
SARAH C'est pas que je ne m'entends pas bien avec elle. Elle a toujours raison sur tout. On ne peut discuter de rien.
MICHEL (gentiment) Mais vous l'aimez quand même ?
SARAH (comme si la question était complètement saugrenue) Si je l'aime ! Si j'aime ma mère !... (Elle y pense soudain.) C'est pas que je ne l'aime pas. C'est elle. Quelquefois, je me demande si elle m'aime. Si elle m'aimait...
MICHEL Je suis sûr qu'elle vous aime.