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la moisson des auteurs |
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Neuf petites filles (push and pull) Sandrine Roche | | photo : DR |
| | | Neuf petites filles jouent à s’inventer des histoires. À tour de rôle, elles livrent leurs souvenirs plus ou moins romancés, leurs craintes, leurs vies rêvées. À travers ce jeu à première vue innocent et les thèmes qu’elles abordent tels que la féminité, la misogynie, le statut social, le corps de la femme, l’homosexualité… on observe à quel point ces fillettes peuvent être - envers elles-mêmes et les autres - cruelles, perverses, ambivalentes, effrayantes de lucidité.
Avec une langue épurée, comme taillée au cutter, une portée sur laquelle les futures interprètes trouveront une matière à la fois forte et libre, jazzy et heurtée, Sandrine Roche propose un univers très personnel, qui prend en compte dans le texte même les corps et les sensations.
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| « Que retient notre vie d'adulte de notre vécu d'enfant ? Comment un enfant est-il préparé à ce qui l'attend, plus grand ? Qui a conscience de la dureté de débuter dans la vie quand à l'école, on a été traité de grosse, quand les autres se moquaient de notre mère célibataire ? Une cour d'école et les
horreurs qui se passent et qui s'y disent préparent les enfants à la vie d'adulte, celle qui les attendent. Neuf petites filles propose d'écouter ces gamines que nous étions, et qui deviennent des femmes, des femmes violentées, des femmes qui souffrent de discrimination, mais des femmes quand même. »
Extrait du programme du théâtre des Abbesses
« Neuf petites filles met en scène un groupe de personnes se regroupant pour jouer des scènes, des histoires qu’elles inventent.
Deux sources d’inspiration ont présidé à la réalisation de ce texte.
D’abord un groupe de fillettes de 9 et 10 ans avec qui j’ai travaillé pendant un an en atelier de création amateur au Théâtre du Cercle à Rennes. Nous montions Pinocchio de Joel Pommerat ; j’ai proposé des thèmes d’improvisations pour comprendre leur rapport au conte, de leur rapport à la vie.
J’ai alors pu observer la cruauté, la dureté apparente avec laquelle les enfants rejouaient ce à quoi ils étaient confrontés dans leur quotidien. Je me suis beaucoup questionné sur ce qu’ils mettaient en jeu, la façon dont ils se jouaient de la réalité. J’ai voulu comprendre comment ces jeux, pour moi si effrayants, tant dans leur propos que leurs mises en scène, n’étaient en fait que le moyen de s’approprier cette violence du monde auxquels ils étaient forcément confrontés.
L’espace du jeu devient l’espace au sein duquel il est possible de questionner le réel. Ce réel si étrange, depuis les publicités quasiment pornographiques vues à la télé ou sur des affiches dans la rue, jusqu’aux expulsions d’enfants étrangers vécues en direct dans les écoles.
Alors je me suis souvenue de ce documentaire de Claire Simon, RECREATION (1993), visionné quelques années auparavant, et qui m’avait beaucoup marquée. J’ai repensé à cette cour de récréation, si proche de ce terrain de jeu sur lequel évoluait mes fillettes. Et j’ai écrit un jeu. Un jeu de vie. La vie comme un jeu.
Nous savons tous que vivre ensemble, c’est d’abord une violence.
La différence (sociale, de couleur, de taille et de poids) n’est pas une chose facile à accepter.
Vivre ensemble c’est d’abord se confronter, se cogner au réel.
Les neuf petites filles que je mets en scène questionnent la société, corps et langues confondus.
Comment l’individu se construit-il ? Avec quels moyens ? Quelles références de mots, de comportements ? Est-ce le vocabulaire qui détermine la personne ou la personne qui choisit son vocabulaire ? Est-ce l’image du corps
qui nous construit, ou nous qui façonnons notre propre corps pour devenir ce que nous sommes ?
Je fais et j’écris du théâtre pour parler du monde ; je ne fais pas de journalisme, je ne délivre aucune information.
J’expose une réalité de façon métaphorique, poétique. Je la détourne de son quotidien trivial pour mieux m’en emparer. Je fais et j’écris du théâtre parce que l’individu, dans toute sa singularité et sa spécificité, m’intéresse. »
Sandrine Roche
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| Création par Sandrine Roche en novembre 2011 au Théâtre du Cercle à Rennes (en tournée depuis) et Philippe Labaune en janvier 2013 au Nth8 à Lyon ; Stanislas Nordey en avril 2014 au TNB à Rennes puis au Théâtre des Abbesses à Paris en novembre 2014 ; Alan Castelo à Rio de Janeiro au Teatro do Leblon en janvier 2015.
Neuf petites filles a été traduit en letton, en danois et en portugais
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| Personnages : 9 femme(s) - éditions Théâtrales |
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