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Pédagogies de l'échec
Pierre Notte
Pédagogies de l'échec
___
Actes du théâtre n° 85.[ imprimer ]
Au septième étage, dans des bureaux dont il ne reste rien, ni cloisons ni fenêtres, deux individus se plient aux lois de la hiérarchie. Tout autour d’eux est tombé, un tremblement de terre, une catastrophe ou un conflit mondial, peu importe. Un monde en ruines et dépeuplé. Mais ils sont là, ils poursuivent, ils continuent le travail, tentent de produire du travail dans le vide et entourés de trous. Ils se soumettent aux rôles professionnels, le pouvoir et l’immunité de la supérieure, et la servilité et l’irresponsabilité du subalterne. Avec mauvaise foi, rancœurs, jeux d’humiliations, mises à l’épreuve, jalousies, désirs, aspirations. En bas, on monte des échafaudages, dont le coût de la location a précipité dans la faillite la boîte qui les a loués pour une reconstruction hypothétique. C’est dans cette boîte précisément que travaillent les deux individus, mais à présent désœuvrés, sans objectif, ni projet, si ce n’est celui de continuer, toujours à travailler.
Pédagogies de l’échec, c’est une comédie féroce de la vanité de l’action et des rôles imposés, de la théâtralité des catégories socioprofessionnelles, qui veulent tenir le coup, encore et malgré tout, dans un univers aveugle quant à sa propre érosion, sa pathétique dégringolade.

Création au Théâtre des Halles en avril 2015, puis Festival d’Avignon en juillet 2015. Du 28 août au 25 octobre 2015 au Vingtième Théâtre.
Mise en scène : Alain Timar. Avec : Salim Kéchiouche et Olivia Côte.

Personnages : 1 femme(s) - 1 homme(s) -
Editions L’Avant-Scène Théâtre. - www.avant-scene-theatre.com

- cela pourrait se passer n’importe où
- n’importe où ?
- n’importe où
- à monaco comme à beyrouth ?
- pas tout à fait n’importe où, dans une ville où tout serait tombé
- ah oui
- il y en a beaucoup
- il y en a pas mal, un tremblement de terre ?
- oui par exemple mais pas forcément
- en tous cas tout serait tombé
- c’est ça, tout serait tombé
- et alors ?
- et alors les gens se seraient retrouvés dans des ruines
- ah oui
- impossible de rentrer chez soi vu l’état des immeubles
- alors tout le monde se serait barré
- certains auraient continué à travailler quand même, comme s’ils ne s’étaient rendu compte de rien
- ah bon
- sans argent, sans salaire, sans outils de travail, ils auraient continué à travailler, à « faire du travail » pour ainsi dire
- et c’est de ça qu’on parle aujourd’hui ?
- plus ou moins, et ça se passerait là, dans un endroit où tout serait tombé
- et eux là, qu’est-ce qu’ils font dans tout ça ?
- ben justement, ils travaillent
- ils continuent
- c’est ça, ils continuent.