SACD - Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques
Entr'Actes
accueil
la moisson des auteurs
à l'étranger
la moisson des traductions
paroles d'auteurs
à l'affiche
au catalogue des éditeurs
archives actes du théâtre
 
 
Actes du théâtre :
la lettre d'information
 
Plan du site
 
[ anglais ]
 
 

la moisson des auteurs

 
     
Les Chatouilles ou la danse de la colère
Andréa Bescond
Les Chatouilles ou la danse de la colère
photo : DR
Actes du théâtre n° 92.[ imprimer ]
L’histoire insolite d'Odette,
une jeune danseuse dont l'enfance a été volée
et qui se bat pour se reconstruire.
À travers une galerie de personnages
entre rires et émotions, les mots et la danse
s'entremêlent et permettent à Andréa Bescond
de transporter le spectateur dans un grand huit
émotionnel dont il ne sortira pas indemne.
Éric Métayer met en scène cette “Danse de la colère”
dans un parfait équilibre entre texte et chorégraphie.
Un rare et grand moment de théâtre !

« Pourquoi "Les Chatouilles" ?
Le choix de cette histoire s'est imposé à moi comme une survie, comme l'envie de dire haut et fort
ce que beaucoup ne veulent pas entendre, rejettent en bloc, quoi de plus insupportable que le viol d'un enfant ?
"Les Chatouilles" ce n'est pas un jugement, ce n'est pas de condamner la maladie d'un être en souffrance
qui inflige des sévices à plus faible que lui mais c'est le constat d'un combat pour exister, respirer, survivre...
Mon personnage, Odette, fait partie de ceux qui se battent, de ceux qui taisent une violente déchirure,
qui l'occultent même et qui la reçoivent en pleine figure quand elle leur revient comme un tsunami,
elle fait partie de ceux dont l'enfance a été brisée par une main adulte dans la culotte en coton,
elle subit, elle se tait puis occulte pour enfin se souvenir, rejeter puis dénoncer.
Tout le cheminement classique de l'enfant victime de pédophilie, c'est ça dont parle "Les Chatouilles".
Odette nous emmène au coeur de la danse, qui lui permet d'exprimer ce qu'elle ne peut pas dire...
Quand la vie fait taire les mots, naissent les paroles du corps. La danse et la musique ont une place primordiale
dans cette création, ce qui la rend totalement originale, unique, le mouvement apporte toute une poésie
où parfois les mots s'égarent. "Les Chatouilles" est une pièce rare car elle traite d'un sujet lourd
avec beaucoup de légèreté, d'humour, car oui on rit beaucoup ! La vie est faite de ces extrêmes,
le parcours d'Odette pourra vous paraitre insolite mais il est inspiré d'une histoire vraie,
tout aussi vraie que ces chiffres alarmants : il y a 75000 viols par an en France
et autant concernant seulement les enfants... Ça valait bien une pièce de théâtre non? »
Andréa Bescond

« Ce spectacle aborde avec pudeur un sujet sinistre sans rien cacher, et tout
en riant parfois, du difficile parcours d'une « résiliente » sauvée par la
danse... Ce qu'Andréa Bescond nous donne à voir concrètement quand
elle traduit l'effroi dans des solos qui s'apparentent à des cris. »
Emmanuelle Bouchez. Télérama Sortir

« Outre la force du texte dont elle est elle même l’auteure, Bescond est incroyable dans les l’interprétation des
personnages qui jalonnent ses souvenirs. Elle passe de l’un à l’autre au moyen d’un geste, une expression, et son
visage est transformé. Elle place le spectateur à tous les points de vue. On est captif, victime et bourreau, tour à
tour la mère ou l’ami d’enfance… Face à l’absurdité de cette vie au courage d’Odette, dans « Les Chatouilles »
la nécessité de vivre apparaît avec une force subjuguante. »
Hadrien VOLLE – www.sceneweb.fr


Jacques nerson L’Obs

Théâtre du Petit Montparnasse, 14.01.-26.06. 2016
Mise en scène : Eric Métayer. Lumière : Jean-Yves de Saint-Fuscien. Son: Vincent Lustaud. Avec: Andréa Bescond.

Personnages : 1 femme(s) -

La comédienne est assise sur scène, il n’y a pas de décors, elle est vêtue d’une tenue très simple, un jean, un tricot, des petites chaussures, une queue de cheval en guise de coiffure.
Une musique se lance (Hand Cover Bruise) la musique chunte mais reste comme présence oppressante la comédienne joue un dialogue entre deux personnages, Odette et Miguié (Homme avec un fort accent du sud).
Odette dessine.

MIGUIE Odette
ODETTE Oui ?
MIGUIE Oh mais tu es toute seule ? qu’est ce que tu fais ? tu dessines ? C'est bien ça! Tu aimes ça dessiner?
ODETTE Oui j’adore ça
MIGUIE Oh dis donc, qu’est-ce que tu as grandis, ça te fait quel âge ?
ODETTE Huit ans
MIGUIE Huit ans ? qu'est-ce que tu es belle
ODETTE Merci
MIGUIE Tu as des cheveux magnifiques
ODETTE Merci
MIGUIE tu sais moi j’aurais bien voulu avoir une petite fille comme toi avec qui j’aurais pu dessiner, raconter des histoires, tu parles, j’ai trois garçons, ils arrêtent pas de penser qu'au foot. Dis moi, je voudrais te demander quelque chose mais j'ose pas …
ODETTE Mais si Gilbert, dis moi !
MIGUIE Non mais c'est con
ODETTE Mais si Gilbert!
MIGUIE Allez, tu voudrais pas jouer à la poupée avec moi ?
ODETTE Oh si en plus j’en ai plein !
MIGUIE (en l’interrompant) Non non attends.. (Il se déplace, ouvre la porte, regarde tout autour de lui, la verrouille et revient vers elle.) ce qui serait super tu vois, c’est que, toi tu serais la poupée et moi je serais la petite fille, comme ça je pourrais te coiffer, t’habiller, ça serait rigolo non ?
ODETTE Oui peut-être
MIGUIE Alors par contre il faut le dire à personne que Gilbert il joue à la poupée ! tu imagines la honte "ouè Gilbert il joue à la poupée, Gilbert il joue à la poupée"
ODETTE Ben oui c’est vrai que la poupée c’est pas pour les garçons !
MIGUIE Et non ! c’est ta salle de bain là ? (Il désigne le fond de la scène.)
ODETTE Oui
MIGUIE Elle ferme à clé ?
ODETTE Euh… oui
MIGUIE Bien, on va aller dans ta salle de bain, mais attention Odette, il faut le dire à personne ! parce que moi je viens jouer avec toi car tu es toute seule... viens ma chérie

Ils se dirigent tous les deux vers le fond de scène, le volume de la musique augmente, dans la pénombre on aperçoit la scène dansée (il n’y aucune vulgarité, aucune nudité, cette danse est une danse oppressée, sans oxygène et tremblante)
Noir