la moisson des auteurs

 
     
 
Divertissement bourgeois
Eugène Durif
 
Actes du théâtre n° 14.

Sur le mode de la farce, inspirée du Bourgeois gentilhomme, voici une pièce mettant en scène un couple de notables de province, amoureux et pratiquants amateurs de théâtre et de musique baroque. Quiproquos et malentendus de toutes sortes autour de la "distinction et de l'art comme "supplément d'âme. Du bourgeois gentilhomme au bourgeois artiste, peu à peu la satire sociale se renforce et emprunte à la tradition carnavalesque.

"Avec ce Divertissement bourgeois Eugène Durif propose une synthèse théâtrale entre l'art dramatique d'aujourd'hui, contemporain, inscrit dans la vie réelle, et le théâtre mythique et "fondateur" de Molière, farce et satire, étude de mœurs et portrait psychologique. L'aller-retour est à ce point vif et constant que bien vite, le spectateur est installé dans le monde particulier voulu par l'auteur. […] Nous passons de la farce à la satire sociale et Eugène Durif nous montre une nouvelle fois son talent à densifier à l'extrême chaque séquence, et ici, à les charger de drôlerie, d'humour ou de cinglante vérité."
Journal du Centre, 27 novembre 2001

Création au Théâtre des Fédérés à Montluçon, le 15 novembre 2001. Puis tournée 2001-2002.
M.e.s. : Catherine Beau et Eugène Durif. Concept. music. : Antoine Rosset, Jean-Marie Gérintes, Jean-Christophe Cornier. Chorég. : Roberto Castello. Lum. : T'oto. Scénog. : Raymond Sarti. Cost. : Régina Martino. Avec : John Arnold, Christophe Casamance, Stéphanie Marc, Catherine Beau.

Personnages : 2 femme(s) - 2 homme(s) -
Éditions Actes Sud-Papiers. - www.actes-sud.fr

[Extrait de la scène IV]
ANTOINE : C'est vrai que Monsieur de Molière lui-même…
ÉTIENNE : Oh, maître, C'est trop… C'est trop…
SOPHIE : Je te l'ai toujours dit, Étienne… Mais quand c'est moi, bien sûr…
ANTOINE : C'est goûteux, c'est mélodieux, c'est… C'est Voilà C'est (Il prend à part Bernadette) Pourquoi se retournent-ils sans cesse de cette façon Cela fait partie de leurs habitudes?
BERNADETTE : Je ne les avais jamais vus faire cela… Sans doute, une nouvelle mode Ils nous en apportent tous les jours
ANTOINE : Je dois faire comme eux
BERNADETTE : Faites-le sans le faire
ANTOINE : Sans le faire
BERNADETTE : Sans le faire… Les voilà qui reviennent…
ANTOINE : Sans le faire…
ÉTIENNE : J'aime aussi tellement le vers. Quand il est bien dit, évidemment… La grandeur de notre alexandrin
ANTOINE : Oh, certes Ce n'est pas moi qui…
ÉTIENNE : Mais je dois avouer que j'aime aussi beaucoup quand ça chante, et quand ça danse… Le divertissement, l'intermède… De la musique et de la danse avant toute chose…
BERNADETTE : Ça ne va pas
SOPHIE : Pas trop bien. Ça va pas… Je crois que je vais…
ÉTIENNE : Tu ne vas tout de même pas… Bernadette, faites quelque chose, je ne veux pas la voir en cet état…
Maître, n'allez surtout pas penser…
Je fais un métier difficile.
ANTOINE : Je comprends. Ce doit être très prenant.
ÉTIENNE : Seule ici, parfois, elle se sent bien seule.
SOPHIE : Je ne sais pas ce que j'ai… Ça ne va pas… Ça ne va pas…
ÉTIENNE : Mais si tu le sais, tu le sais trop bien.
SOPHIE : Un peu de pitié. Je suis malade… Merde Un peu de pitié
On en a bien pour les bêtes
BERNADETTE : Venez vite je vais vous conduire…
ÉTIENNE : C'est répugnant…
Et puis, merde, moi aussi j'ai une âme, merde, et une âme qui ne demande qu'à se répandre…
SOPHIE : Tu me fais mal. Tu me fais trop mal Chacune de tes phrases, c'est comme si tu me bousculais, me cognais tant que tu peux. Tu ne vois pas que je suis toute couverte de bleus…