la moisson des auteurs

 
     
 
Une séparation
Véronique Olmi
Une séparation
Photo : Julia Olmi
 
Actes du théâtre n° 68.

Marie et Paul sont un couple sans partager le quotidien. Ils ont la cinquantaine, et vivent à Paris. Un matin, Marie écrit à Paul une lettre de rupture. Terrassé par cette nouvelle, Paul lui répond aussitôt pour lui exprimer son refus : il l’aime et ne se séparera pas d’elle. Et elle l’aime aussi, il en est sûr. Une Séparation est une pièce épistolaire qui déroule ce que fut une magnifique histoire d’amour, depuis la première rencontre jusqu’au dernier jour, avec ses fulgurances, ses doutes, ses erreurs et sa souffrance.

« Il y a beaucoup de charme et de malice dans ces pages […] Il y a dans le style de Véronique Olmi une force et une douceur mêlées. »
Armelle Héliot, Coup de Cœur Figaroscope, 30 octobre – 5 novembre 2013

« Chez Véronique Olmi, la noirceur se drape toujours de pudeur. Son style élégant sait épouser au plus juste les sentiments de ses personnages. »
Macha Sery Le Monde des Livres

« Dans Une séparation elle évoque des situations, crée des personnages aux mots (et maux) parlant à chacun d’entre nous. Elle tente d’atteindre l’essence et la vérité des êtres. Elle y parvient remarquablement. »
Thomas Beaudeau www.fousdethéâtre.com

« Une histoire d’amour qui s’échoue sur les galets niçois, sur les pavés de Paris. Une séparation que Marie décide par une nuit sans lune, par une nuit sans l’autre. Et puis, cet échange quotidien de lettres avec Paul, comme autant de bouteilles jetées à la mer… Leur histoire renaît sous nos yeux, intime, pleine de colère et de délicatesse, d’écoute, d’espoir et d’incompréhension. Ils se retrouvent dans cette correspondance, plus proches sans doute qu’ils ne l’ont jamais été et nous entraînent avec eux sur le fil de leur destinée… »
Jean-Philippe Puymartin metteur en scène et acteur dans Une séparation de Véronique Olmi

Création au théâtre des Mathurins (petite salle), le 13 octobre 2013.
Mise en scène : Jean‐Philippe Puymartin. Lumières : Frank Thevenon. Musique : Vincent-Marie Bouvot. Décor : Géraldine Allier. Avec : Véronique Olmi et Jean-Philippe Puymartin.

Personnages : 1 femme(s) - 1 homme(s) -
Editions Albin Michel - www.albin-michel.fr/

PAUL Et bien maintenant, puisque tu ne m'aimes plus (tu ne m'aimes plus ?) dis‐le moi.
MARIE Je t'ai aimé parce que tu es le seul homme que je connaisse qui ose porter sur lui tous ses âges. Du tout petit enfant à l'homme de cinquante ans qui garde en lui la beauté de son adolescence et ses contradictions ses faiblesses son rire sa poésie ses rêves. Voilà.
PAUL (ironique) Et tu m'as quitté pour ça ?
MARIE Je t'ai quitté parce que tu marches sur un fil et que j'ai peur du vide en dessous. Je t'ai quitté parce que (j'ai un peu honte de le dire) j'ai besoin de rassurance, je suis comme les autres, trouillarde et fatiguée, et je cherche un homme immense et protecteur, de ceux qui ne font pas rêver, mais dont on imagine qu'ils sauront prendre soin de vous. Alors peut-être que je ne serai plus cette guerrière en talons, peut-être que j'irai pieds nus et je me reposerai, moi aussi. Comme les autres.
PAUL Oh mais si tu veux je peux imaginer à ta place, comment cet homme immense et protecteur prendra soin de toi, ça t'évitera bien des détours dans des bras musclés qui te broieront comme une petite noisette avant de te laisser en miettes.
MARIE Non merci, n'imagine pas ! N'imagine surtout pas ! Maintenant nous sommes séparés. Tu vis ta vie. Je vis la mienne. On ne partage plus. On ne se demande plus ce que fait l'autre, où, avec qui, ce qu'il pense de cette journée de pluie ou de ce week-end ensoleillé qu'ils annoncent dans les journaux. C'est vrai : il va en faire quoi l'autre, de ce temps, de ces jours qui passent et qu'il faut bien remplir ? D'ailleurs les amis n'ont de cesse de le répéter : il faut se bouger il faut sortir ! Et moi je me demande pourquoi le désespoir serait moins dangereux dehors que dedans ? Ca me rend triste moi, ces soirées où chacun demande à l'autre ce qu'il fait en ce moment, est-ce qu'il a des nouvelles de untel, et s'il a signé la pétition...
PAUL Tu es triste ? C'est cela que tu m'écris ? Et l'homme du restaurant, alors ? Il n'a pas su te distraire ? Il va faire très beau dimanche. Viens. Je marcherai sur mon fil et toi tu n'auras aucune raison d'avoir peur puisque tu ne me donnes plus la main, aucun risque que je t'entraîne dans ma chute...