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Carine Lacroix
© DR
Ateliers de Traduction & Cycle de lecture | In Actes du Théâtre 45 (décembre 2010)
De retour de Budapest par Carine Lacroix





« Premiers pas en Hongrie, à Budapest plus précisément, où nous sommes accueillis chaleureusement par Kader Lejri, Anna Lakos, Julien Couzy et François Laquièze de l'Institut français.

Pendant trois jours nous rencontrons des étudiants de différentes universités passionnés par la langue française, qui ont travaillé sur la traduction d'extraits de pièces (en l'occurrence Moi aussi je suis Catherine Deneuve de Pierre Notte, Terre sainte de Mohamed Kacimi et Burn baby burn de Carine Lacroix). Laurent Mulheisen (directeur de la Maison Antoine Vitez ) et Marc Martin (traducteur français/hongrois) accompagnent Anna Lakos pour encadrer la rencontre, car très vite les questions autour de la traduction s'imposent.
Comment traduire le langage plutôt que la langue, les jeux de mots, les expressions, les styles…
« Il faut savoir mettre le nez en l’air » rapporte Laurent Mulheisen de ces nombreuses expériences de traduction, savoir oublier le texte, se détacher des mots pour mieux s’approcher du sens, du rythme et du langage.
Riches heures partagées au musée du théâtre dans un quartier de Buda qui donnent lieu ensuite à deux jours de lecture au Théâtre National flambant neuf au bord du Danube dans le quartier de Pest. Les acteurs de la troupe, excellents, dirigés par Robi Voros, s’emparent des textes, lisant aussi 
L'Enéide d’Olivier Kemeid et La Mélancolie des barbares de Koffi Kwahulé.

Le théâtre est dirigé par Róbert Alföldi dont les choix de programmation* créent actuellement la polémique et une grosse vague raciste et homophobe qui remonte jusqu'au parlement.
Le parti Jobbik (parti d'extrême droite, troisième force du pays) ayant demandé en pleine séance combien de temps encore le Théâtre National bafouerait la sainte trinité "travail famille patrie". Réponse : "cela aussi sera résolu." Róbert Alföldi va donc tout simplement être limogé a priori d'ici la fin de la saison. On croit rêver. Rappelons que le gouvernement avec à sa tête le premier ministre Viktor Orban fraîchement et largement réélu (parti conservateur Fidesz) mène une politique agressive et autoritaire : contrôle des médias, modification de la loi électorale, réforme des institutions avec restriction de l'autorité de la Cour Constitutionnelle, suppression du Conseil d'Etat ( ! )…
Ça fait froid dans le dos, nous sommes en Europe. La Hongrie d'ailleurs présidera l'Union Européenne le 1er janvier prochain. Sans se faire trop d'illusions, espérons que cette présidence soit l'occasion de mettre de la lumière sur une politique intérieure clairement fasciste.

Voilà aussi à quoi servent ces rencontres entre hôtes et invités. Découvrir comment les autres vivent, la condition des artistes et comment l'expression est à certains endroits de plus en plus muselée et contrôlée, ici même en Europe.

Köszönöm szépen (merci beaucoup) à tous. »

* Avec la pièce de Pál Závada Fête hongroise

 
  Carine Lacroix
décembre 2010
 
 
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